Chansons, poèmes et contes pour animer de beaux bals !

« Le gouvernement coud nos vies dans un canevas judiciaire qu’il nomme : association de malfaiteurs. Malfaiteur-euse-s que nous sommes reprenons les fils de nos histoires et tissons nos récits… »

L’opération massive de criminalisation, de répression et d’asphyxie judiciaire qui s’abat sur la lutte à Bure depuis plus d’un an vise à nous rendre mutiques, à nous prostrer et ôter la possibilité même de faire du sens sur la situation. Atomes, atones, aphones.

Les premiers bals qui s’annoncent seront une belle occasion de retrouver des voix, se faire échos et reprendre du souffle ! N’hésitez pas à partager toutes vos chansons, affichettes, textes, contes pour que chaque fête, qu’elle soit bal ou guinguette, techno ou musette, puisse s’en inspirer !

Adresse : baldesmalfaiteurspartout at riseup.net

On partage ici les contributions et les suggestions de chansons, poèmes, contes que l’on reçoit !

Et c’est le comité d’Angers qui ouvre le bal avec la chanson « Nous sommes tous des malfaiteurs » à chanter sur l’air de Bella Ciao ! On attend la suite !

On rajoute aussi après un superbe conte en imitation de vieux françois « Si malfaiteurs sont, alors certes le sommes aussi ! » qui nous ramène aux origines anciennes des premiers bals…

Le comité de Paris prend la suite et nous présente la chanson d’un.e mystérieux-se barde.sse, truffée d’hommage à diverses luttes actuelles…

Nous sommes tous des malfaiteurs

(Sur l’air de Bella Ciao. Paroles par Le Cercle 49)

Intro couplet instrumental

Debout les amis, défendons la vie
Place à la danse, à la danse des résistances
A Bure comme ailleurs, nous n’avons pas peur !
Nous sommes tous des malfaiteurs !

Ami solidaire qui sauve tes frères
Place à la danse, à la danse des résistances
A Bure comme ailleurs, humains partageurs !
Nous sommes tous des malfaiteurs !

Maudis ce pouvoir dans sa tour d’ivoire
Place à la danse, à la danse des résistances
A Bure comme ailleurs, merde aux décideurs !
Nous sommes tous des malfaiteurs !

Maudis cet argent, qui rend cons les gens
Place à la danse, à la danse des résistances
A Bure comme ailleurs, merde aux exploiteurs !
Nous sommes tous des malfaiteurs !

Null’ part la justice, partout la police…
Place à la danse, à la danse des résistances
A Bure comme ailleurs, ce mond’ nous écœure !
Nous sommes tous des malfaiteurs !

Roug’s, verts ou bien noirs, nous chantons l’espoir
Place à la danse, à la danse des résistances
A Bure comme ailleurs, c’est un vrai bonheur !
Nous sommes tous des malfaiteurs !

De joie et d’ivresse, nous luttons sans cesse
Place à la danse, à la danse des résistances
A Bure comme ailleurs, tous agitateurs !
Nous sommes tous des malfaiteurs !

Zadistes, faucheurs, anars, No-Borders
Place à la danse, à la danse des résistances
A Bure comme ailleurs, monte la clameur :
Nous sommes tous des malfaiteurs !

Couplet début instrumental
A Bure comme ailleurs, nous n’avons pas peur !
Nous sommes tous des malfaiteurs ! ( 3 fois )

Le malfaisant

( sur l’air de Cadet Rousselle )

L’État français sauta de joie après la bomb’ d’Hiroshima ( bis )

Cette énergie, c’est du tonnerre ! Ouvrons la voie au nucléaire !

REFRAIN (répété après chaque couplet) : Ah ! Ah ! Ah oui, vraiment ! C’est bien l’État, le malfaisant !

L’État français dit : « Mon argent passe avant la santé des gens ! » ( bis )

N’en faites pas toute un’ affaire pour 3 becqu’rels dans l’atmosphère…

Ah ! Ah ! Ah oui, vraiment ! C’est bien l’État, le malfaisant !

L’État français ne broncha pas quand arriva Fukushima ( bis )

Un tsunami ? Quelle malchance ! Mais on ne risque rien en France…

Refrain

L’État français veut prolonger ses réacteurs un peu âgés (bis )

Un petit brin d’rafistolage : on va pas j’ter, ce s’rait dommage !

Refrain

L’État français veut dispenser son savoir à l’humanité (bis )

Achetez-nous notre EPR ! C’est pas au point mais c’est pas cher…

Refrain

L’État français a déclaré : « Les déchets, faut les enterrer ( bis )

Peinards, dans un coin de nature, j’en connais un, tout près de Bure. »

Refrain

L’État français dit : « Des voyous portant des masques de hiboux ( bis )

Sont déchainés dans la violence contre le progrès qui avance ! »

Refrain

L’État français dit la croissance doit se méfier de cette engeance ( bis )

Faisons confiance à la justice pour protéger nos bénéfices !

Refrain

L’État français lance un débat démocratique, ça va de soi. ( bis )

Donnons la parole aux experts et aux lobbies, qu’ils nous éclairent !

Refrain

L’État français se fout de nous mais nous ne somm’s pas à genoux ! ( bis )

Partout, à Bure comme ailleurs, se lèv’nt tout plein de malfaiteurs !

Ah ! Ah ! Ah oui, vraiment ! Debout et viv’ les malfaisants !

Ah ! Ah ! Ah oui, vraiment ! Debout et viv’ les malfaisants !

La complainte du Malfaiteur

(Sur l’air de la Complainte de Mandrin)

Nous étions vingt ou trente
Brigands dans une bande
Tous habillés de noir
A la mode des...
Vous m'entendez ?
Tous habillés de noir 
A la mode des anars

La première volerie
Que je fis dans ma vie
C'est d'avoir fait tomber
Les grilles de...
Vous m'entendez ?
C'est d'avoir fait tomber
Les grilles de l'Andra

J'entrai dedans l'hôtel
J'y foutais bien l'bordel
D'une étincelle les
Journaux ont fait...
Vous m'entendez ?
D'une étincelle les
Journaux ont fait un bûcher

Je vins pendant l'été
Parce qu'il fallait fêter
La chute du mur
Qu'on avait fait tomber...
Vous m'entendez ?
La chute du mur
Qu'on avait fait tomber à Bure

Et voilà qu'aujourd'hui
Ces messieurs de Paris
Veulent me juger pour association de...
Vous m'entendez ?
Veulent me juger pour 
Asssociation d'malfaiteurs

Et cependant je danse
Créant la résistance
Aux pouvoirs mortifères 
Qui veulent nous faire...
Vous m'entendez ?
Aux pouvoirs mortifères
Qui veulent nous faire claquer

« Si malfaiteurs sont, alors certes le sommes aussi ! »

« On raconte qu’un jour, au Royaume d’Atome, furent graines de révolte jetées au vent.

Et qui de se percher au faît des arbres pour y narguer gens d’armes, qui de s’enchaisner devers les machines aux dents longues, qui de parer maints repas et de chanter biaus chants pour donner joye et coeur à toute la compagnie.

Tant et si bien cez chouettes hibous firent la nique au Roy et au sien Procurateur, que cestui-là eut tost fait de leur envoyer son armée portant haut l’escu et la gazeuse, tandis que cestui-ci les mandoit devant son tribunal et lor parloit ainsi :

– Ah ! ne cesserez-vous point de maufaire ? dit le Procurateur. Faudra-t-il que je vous mette en geôle ?

– Gardez donc, rirent-ielles, vos geôles pour celleux qui les ont construites ! Si c’est malfaire que de s’aimer et d’aimer la forest, si c’est malfaire que d’être pour icelle que vous estrillez de vos machines rempart ou pavoi, alors, si fait, malfaiteurs sommes !

On conte alors qu’en tout le Royaume leur réponse fit si grand bruit qu’aux vespres venues chacune et chacun s’assemblèrent. Il y avoit là tant de jouvencels que de vieillards, et tant fameux noceurs que graves philosophes, et tous disoient à part eux : « si malfaiteurs sont, alors certes le sommes aussi ! ».

Les sorcières mesmes, que le vil mépris des hommes avoit tenu au dehors des cités, étoient venues pour dire : « malfaiteuses avons toujours été dans vos bouches : l’heure est-elle enfin venue de le clamer ensemble en nos danses et nos chants ? ».

Ainsi prit corps, dit-on, par un soir de novembre, le premier bal des malfaiteurs. Puis il y en eut d’autres. Et d’autres encore. Et encore. »

 

En la lointaine Lutèce aussi…

En la lointaine Lutèce aussi, les affaires des forêts meusiennes avaient fait grand bruit…
« Quoi ! disait-on de Nantuerre à Monstrueil et de Sainct-Dionys au Mont-Rouge, est-ce être malfaiteurs que de s’assembler pour éviter que d’un bois l’on fasse une décharge pestilentielle ? Et regarderons-nous sans mot dire nos camarades passer entre les mains inquisitrices de l’Atomique Royaume ? Rassemblons-nous, que diable ! ». Et d’autres de surenchérir : « Je suis venue plus souvent qu’à mon tour en la lointaine Lorraine pour leur prêter main forte, pour un un jour ou une semaine : si c’est malfaire, eh bien j’en suis ! ». D’autres encore : « je n’y suis guère allé, mais j’ai lu les nouvelles et mon cœur a battu chaque fois : j’en suis ! ».
Tous et toutes se passaient le mot à l’oreille : le 10 novembre aurait lieu un grand bal. Il en venait de partout, certaines un peu sorcières, d’autres un peu brigands, qui la fleur au fusil et qui l’épée au flanc… On interpellait les passants. La foule grandissait.

Quand les verres furent pleins, un serment fut prêter de n’être pas les prochains sur la liste des zêlés magistrats de l’ordre. On but avec plus ou moins de raison et l’on dansa fort tard au lieu-dit l’Echarde. C’est alors qu’au plus noir de la nuit, un inconnu qui portait un masque de chouette s’avança la lyre à la main et entonna sa chanson, sur l’air de la Canaille qui réjouissait tant les oreilles orphelines de la Commune :

A qui aide des inconnus
A traverser une montagne
On promet d’être prévenus,
Inculpés, jugés, mis au bagne
 :
10 ans pour être solidaire,
A Briançon, oui mes amis !
Si c’est malfaire…
eh bien j’en suis !

Qui s’en va par-delà le Rhin
Dire à tous les rois de ce monde
Que leur Empire ne vaut rien
Quand la misère nous inonde,
On le capture, on le transfère
Dans une geôle en Germanie

Si c’est malfaire…
eh bien j’en suis !

Celles et ceux qui en Lorraine
Ont brisé un mur en béton
Tordu cette grille vilaine,
Voudrait-on les mettre en prison ?
Ils ont bien fait d’être en colère
Car l’atome, on le sait, détruit :
Si c’est malfaire…
eh bien j’en suis !

On leur a dit : « ne parle pas
A ceux qui étaient tes amis ;
Nous écouterons où tu vas,
ce que tu fais, ce que tu dis »
Pourtant être libre sur terre,
N’est-ce pas là le paradis ?
Si c’est malfaire…
eh bien j’en suis !

Et nous quand nous partons joyeux
A Bure, à la ZAD, à Roybon,
ou à Saint-Victor-et-Melvieu,
à la Plaine ou à Briançon,
Même si l’on jette une pierre,
Nous traitera-t-on de bandits ?
Si c’est malfaire…
eh bien j’en suis !