Projet Cigéo: comment la violence d’État a fait irruption dans mon salon

Au moment d’écrire ce texte, j’ai cherché en vain dans mes carnets de   note de quoi rafraîchir ma mémoire. J’ai pris l’habitude d’y consigner tout un tas de choses mais rien sur la perquisition qui a eu lieu chez moi, il y a deux ans. Il va donc falloir puiser dans l’amas confus de mes souvenirs. Or, ils sont tous empreints d’un malaise épais et d’une rage latente. il s’agit là d’un cri et non d’un écrit documentaire.

Au moment d’écrire ce texte, j’ai cherché en vain dans mes carnets de note de quoi rafraîchir ma mémoire. J’ai pris l’habitude d’y consigner tout un tas de choses : projets réalisés ou rêvés, observations naturalistes, notes de lectures, etc. Mais rien sur la perquisition qui a eu lieu chez moi, il y a deux ans. Il va donc falloir puiser dans l’amas confus de mes souvenirs. Or, ils sont tous empreints d’un malaise épais et d’une rage latente. Amies lectrices, amis lecteurs, vous voilà prévenu.es ; il s’agit là d’un cri et non d’un écrit documentaire.

Tous malfaiteurs ? Toutes malfaitrices 1 ?

Il est six heures du matin, le réveil résonne dans la chambre épurée du modeste appartement que je loue à Romans-sur-Isère. A mes côtés, Christophe semble encore dormir profondément, il est nu. Nous sommes le 20 juin 2018 et l’été a déjà pris ses quartiers. Depuis un an et demi, je travaille pour une association qui œuvre pour la réduction des déchets. C’est mon premier emploi porteur d’une éthique puissante, le premier qui a du sens pour moi. Quelques mois avant mon embauche, j’avais mis un pied dans le maelstrom des questionnements liés à l’écologie, dans son acception la plus large : recherche de réduction des déchets certes, mais également remise en cause des procédés industriels, du marketing, de la grande distribution, des politiques liées à ces questions, des organisations sociales qui en découlent et des systèmes de croyances qui les entretiennent.

Mais il faut bien reconnaître qu’en en matière de prises de conscience, je tombe du nid : très peu politisée, sans culture militante, ignorante de l’histoire de la plupart des luttes passées et à l’œuvre aujourd’hui. Pas de manif’ à mon actif, jamais lu autre chose que l’histoire des puissants écrite par eux-mêmes. Quant aux actions concrètes que j’imagine alors pour m’aligner avec ces convictions nouvelles, j’en mène quelques unes en dilettante. La première est de peser ma poubelle en tenant le journal de la réduction de mes déchets sur un blog 2. La seconde est de rapporter la liasse de publicités non souhaitées au distributeur local. Enfin, l’embauche dans une ressourcerie confirme un peu plus mon engagement. Ah, et il y a aussi ce méfait, commis en réaction à l’agression publicitaire : un soir, j’ai tagué la photo géante d’un cornet de frites. Ces énormes bâtons de patate – luisants de gras – campaient dans un quartier où la malbouffe s’ajoute à la liste interminable des affronts faits à une population déjà vulnérabilisée par le racisme et la précarité. Cette petite expédition nocturne m’a valu une bonne trouille mais heureusement pour moi, elle est restée impunie.

Alors, prenant à peine la mesure de la complexité des rouages socio-économiques et de leur portée culturelle, je papillonne de découverte en micro-action. Nécessairement, je commence à entendre parler des grands chantiers inutiles, coûteux et dangereux 3, comme celui de Cigéo à Bure.

Mais à ce moment de ma vie, j’ai déjà tant d’autres pistes à explorer que ce domaine n’attire pas tellement mon attention. J’en apprends tout de même un peu plus grâce à Christophe qui soutient d’assez loin, la lutte contre ce projet d’enfouissement de déchets nucléaires. On en parle peu. Le secret protège. J’apprends que moins j’en sais, moins je risque de mettre en danger les écologistes qui travaillent contre la réalisation de ce chantier mortifère. Ma conception du bien et du mal en prend un coup. Être écolo peut donc être dangereux et le danger vient de ceux à qui je confie ma sécurité : les forces de l’ordre. Cet ordre qu’intérieurement je conteste de plus en plus. A cette époque de ma vie, Malatesta, Reclus, Bakounine me sont complètement étrangers. Et pourtant, de façon empirique, je perçois que cet ordre est générateur de violence.

Arrive donc le mois de juin 2018. Christophe habite chez moi depuis près d’un an, c’est mon choix et le sien ; on en est heureux. Mais ça bouge dans la Meuse 4 : grosse manifestation à Bar-le-Duc. Il y a quelques mois de cela, nous avions parlé de la possibilité d’être visités par les enquêteurs dans le cadre de l’information judiciaire mise en place contre les contestataires du projet Cigéo. Parce qu’il semblait que le lien – quoique ténu – de Christophe avec cette lutte, pouvait donner lieu à une telle visite.

A l’époque, j’avais déjà ressenti la peur. Je ne me représentais pas bien ce qu’implique une perquisition, mais l’idée que ma bulle, mon cocon pourrait être occupé par les détenteurs de la force publique m’avais mise dans un profond sentiment d’insécurité. Parallèlement, la possibilité que mon compagnon puisse être inquiété pour ses convictions en faveur d’un monde plus propre et plus juste commençait à faire naître en moi quelque chose de l’ordre de la colère. Je venais à peine de prendre en compte la dimension planétaire et géologique des crises sociales, écologiques et politiques dont je sentais les soubresauts dans ma vie quotidienne. Je venais à peine d’en découvrir certains enjeux et acteurs. J’avais encore du mal à remettre en question tous ces aspects de mon quotidien pour essayer d’y remédier à mon niveau : manger bio, local, éthique, pas emballé, faire du vélo, m’habiller en récup’, voter ou pas, questionner le salariat, m’épiler ou pas, passer aux logiciels libres, porter un soutien-gorge ou pas, apprendre à agir et penser de façon collective et j’en oublie !

Il fallait déconstruire pour faire de la place à de nouvelles habitudes. Et il fallait encaisser les concepts de poubellocène 5 et d’effondrement 6. Et assumer tant bien que mal mes choix de vie nouveaux et discutables. Et tenter d’affirmer mes nouvelles opinions, encore balbutiantes. Et voir mes liens familiaux s’effilocher à force de distribuer et de recevoir des points Godwin à tout va, autour du déjeuner dominical. Et découvrir les mots d’éco-anxiété, de solastalgie 7 ; se rapprocher des copains et des copines qui en souffrent aussi pour savoir comment guérir de cela, comment admettre notre impuissance quand elle est si manifeste.

Le terreau de mon angoisse était mûr, les graines semées par la gendarmerie allaient germer facilement. Peur et colère pousseraient en moi comme le nénuphar dans le poumon de Chloé 8, rendant à mes yeux le monde étroit, la liberté illusoire.

Mercredi 20 juin 2018, six heures du matin.

Je me lève péniblement et, embrumée sommeil, je vais à la salle de bain. Ce jour-là, je dois assister à une réunion de travail hors des locaux de l’association. J’ai préparé un sac avec mon ordinateur, et je m’habille en tachant de me réveiller et de penser à l’ordre du jour. Il est presque sept heures. Je sors de la salle de bain pour prendre un petit déjeuner mais l’on sonne à la porte d’entrée, juste à côté de moi. Mon cœur se décroche un peu, je n’ai jamais de visite aussi matinale ; celle-ci annonce très probablement quelque désagréable nouvelle. Je regarde dans l’œilleton et mon cœur achève de se décrocher. Il sont là. Quatre ou cinq, je ne sais plus. La sonnette retentit de nouveau, je sursaute, déverrouille la porte puis l’ouvre. Ils me semblent grands. L’un d’entre eux porte un gilet pare-balles, plusieurs sont armés. J’aperçois leurs brassards quand ils demandent si Christophe est ici. Je réponds que oui et avec candeur, je demande si je peux le prévenir pour qu’il puisse s’habiller. La main sur son arme, un gendarme me répond que non ; il semble tendu. J’essaie de garder mon calme et j’en oublie ce que je m’étais juré de faire : avant toute chose, demander le motif de leur visite. Établir que je suis chez moi ici. Mais la présence des armes me fait peur, leur regard hautain m’intimide et mon ignorance est grande ! Je ne connais aucun de mes droits !

L’un d’entre eux me demande de les conduire auprès de Christophe. Machinalement, je m’exécute et me dirige vers la chambre, le long du couloir qui me sert aussi de placard à chaussures et d’atelier. Je sens derrière moi la présence imposante des gendarmes dans ce goulot étroit et encombré. Soudain, je me vois en Judas. Non, je ne livrerai pas Christophe. Je m’arrête en chemin, créant un moment de confusion. Je me retourne et je leur dit « l’appartement est petit, c’est à gauche, allez-y sans moi ». Le gendarme le plus proche de moi me répond que c’est mon appartement, que je suis chez moi. Je ne sais quoi penser du ton poli ou courtois qu’il emploie, créant une forte dissonance avec le contexte dans lequel nous nous trouvons.

Je me sens bloquée, acculée dans ce fichu couloir ! Alors je m’échappe et continue à regrets ma progression vers la chambre. Dans la pénombre, je me presse vers Christophe pour le réveiller. Mais déjà, un gendarme m’ordonne de m’éloigner de lui et appuie sur l’interrupteur, jetant la lumière crue du plafonnier sur la scène.

Tout s’enchaîne assez vite. Christophe enfile un pantalon et l’assemblée se dirige vers mon petit salon qui dispose d’un grand bureau blanc où j’aime dessiner et prendre le thé. Je découvre qu’un des gendarmes est venu avec du matériel informatique qu’il commence à installer sur mon bureau. L’un pousse ceci ou déplace cela. L’autre, toujours engoncé dans son armure, me tend l’une de mes petites tasses à thé, dont la porcelaine est si délicate qu’on pourrait la briser entre le pouce et l’index. Il me demande où il peut la poser, avec cette expression polie que son collègue a pris tout à l’heure. Je lui indique la cuisine et déjà j’entends un autre poser des questions à Christophe, et encore un autre passer un appel, et un autre parler à son confrère. J’ai l’esprit brouillé, j’ai peur de dire ou faire quelque chose qui serait dommageable à Christophe ou à d’autres personnes impliquées dans la lutte contre l’enfouissement de déchets nucléaires à Bure.

J’indique aux gendarmes que je dois partir pour aller travailler, merveilleux prétexte. On me demande où je vais, pour qui je travaille, quand je vais rentrer. On me demande aussi de passer à la gendarmerie de Romans dès mon retour 9. Je ne suis pas sûre de cela mais je crois qu’on m’indique enfin que Christophe n’est pas impliqué mais cité comme témoin.

Témoin.

Témoin, à moitié nu, cueilli au petit matin, dont l’ordinateur personnel est en train d’être scanné par les forces de l’ordre.

Je ramasse mon sac ainsi que les dernières bribes de lucidité qu’il me reste. J’embrasse Christophe et m’en vais travailler, plus troublée que jamais. J’abandonne mon compagnon à son sort après avoir conduit des personnes armées auprès de lui, je fuis les questions qui pourraient m’être posées. Je me sens lâche en même temps que je suis persuadée que ma présence est risquée pour les personnes vraiment impliquées. Je me sens oppressée, en colère, effrayée, impuissante, muselée.

En écrivant cela, j’ai bien conscience d’avoir subi une perquisition plutôt… tranquille. Pas de menace directe avec leurs armes, pas de violence physique, pas de cris, pas d’insultes. Et je n’ai même pas assisté à la fouille de mon domicile, je n’ai donc pas de souvenirs désagréables à ce sujet.

Mais mon malaise persiste pourtant, il est diffus. J’éprouve encore la sensation d’avoir été envahie jusque dans mon refuge, et sans motif qui me paraisse légitime. Christophe n’est que témoin et je ne suis que sa logeuse. Oui, mon malaise persiste et ma colère grandit. Parce que c’est la crédibilité de ceux qui font appliquer la loi qui est mise à mal. Comment me sentir en paix si la plus petite de mes convictions écologiques ou de celles de mes amis peut amener des personnes armées dans mon salon. A présent, comment faire confiance aux forces de l’ordre et à ceux qui les emploient ? Et si j’ai été autant affectée par cette intrusion, que dire de celles et ceux qui se font passer à tabac, de celles et ceux qui retrouvent leur logement saccagé ? A l’aune de la blessure qui est la mienne, je mesure le drame qu’ils et elles vivent ! J’en ai souvent la nausée.

Et que dire de la saisie des biens ?

En rentrant du travail ce jour-là, seul mon bureau vide témoigne ostensiblement de l’événement. J’aspire à retrouver la paix. La réunion de travail était terriblement dure à suivre et la suite de ma journée fut un long tunnel dont je ne voyais pas la fin. J’étais sonnée et pourtant incapable d’en parler ouvertement. Il m’a fallu interagir, donner le change à mes nombreux interlocuteurs, tout en me demandant si je n’avais pas rêvé. En fin de journée, une amie me propose de me confier, voyant que j’étais préoccupée. Je lui en parle mais à demi-mots seulement. Alors, en rentrant chez moi, j’espère m’épargner ces faux-semblant, pleurer de bon cœur dans les bras de Christophe et retrouver mon nid.

Une fois assise dans le canapé, mes yeux se posent sur la bibliothèque ; habituel recours en cas de pensées noires. Mais pas de réconfort cette fois-ci, car chez moi désormais, tout me semble suspect, louche. Je sens soudain un caillot de terre sous mon pied nu, sans doute déposé là par le cran de chaussure de l’un des gendarmes. L’étreinte avec Christophe me fait penser à autre chose mais il faut bien faire le bilan de cette journée. Alors j’apprends qu’une saisie a été effectuée. En ce qui me concerne : un disque dur rempli de photos personnelles et d’informations relatives à une entreprise que j’avais créée quelques années auparavant, des clés usb et un appareil photo. Le tout d’une valeur presque égale à mon petit salaire du moment, soit 500€. J’avais sauvegardé ailleurs les photos, mais pas les données relatives à mon entreprise : carnet d’adresses, tableur de calcul de mes tarifs, photos de mes produits. Toutes choses que j’aurais aimé retrouver à l’heure de me mettre de nouveau à mon compte 10.

A quoi sert l’arsenal informatique qui a été déployé dans mon salon si au final, mes biens personnels sont saisis quand même ? Ni mes clés, ni mon disque dur n’étaient chiffrés et leur examen pouvait être rapide, au vu du peu d’informations contenues. Alors pourquoi m’en priver ? Par précaution ? Pour m’intimider ? Pour être certains de ne pas passer à côté d’informations ? Pour prendre le temps de connaître mon réseau d’ami.es, de fréquentations ? Pour connaître mes convictions politiques ? Mes engagements ? Pour ne pas s’embêter, prendre tout et trier plus tard ?

Mais plus que la perte matérielle qui est bien minime par rapport aux saisies effectuées à Bure par exemple, c’est l’injustice et la disproportion qui me choque. Quelle est la frontière entre saisie et confiscation ? Saisir mon bien, c’est m’en priver, m’en priver sans raisons légitimes, n’est-ce pas m’infliger une peine ? Et quelles seraient ces raisons légitimes ? Faire avancer l’enquête sur un départ de feu dans l’hôtel-restaurant de l’Andra 11 ? Ou sur les dégradations commises sur les grilles de l’écothèque 12 ? Ou sur la manifestation illégale qui s’est tenue à Bure en juin 2018 ? A l’heure de la surveillance de masse 13 et de la technopolice 14, comment ne pas constater rapidement que mon matériel informatique ne recèle rien qui concerne ces trois affaires ?

Je n’ai reçu aucune information à ce sujet et je ne sais pas vraiment comment en demander. Christophe a rempli récemment une demande pour récupérer son matériel saisi et le mien. Nous sommes sans réponse à ce jour.

Comment conclure ? Garder le silence ?

Je n’ai pas envie de conclure. Je ne suis pas décidée à tourner la page. Je ne suis pas la seule à avoir senti sur mes épaules la toute puissance des forces de l’ordre et de l’État qui les met à l’œuvre. Point n’était besoin de me mettre une arme sur la tempe pour que je la sente. Il suffisait de poser le décor : grands gaillards caparaçonnés, technologie de coercition et de surveillance, informations laconiques, complexité administrative, invasion domiciliaire. Le contexte était également favorable à l’expression de cette puissance : mes propres instabilités, la méconnaissance de mes droits, peu de contacts avec les forces de l’ordre par le passé, pas de préparation à ce type d’événement puisque je n’étais impliquée dans aucune campagne militante médiatisée, et enfin pas de contacts avec des réseaux d’entraide face aux abus des forces de l’ordre.

Et Christophe me direz-vous ? Et bien avec Christophe, c’est devenu difficile d’en parler. Difficile de lui demander plus d’informations sans faire le jeu de la gendarmerie en renforçant mes liens avec les affaires de Bure. Difficile de lui demander de partager ses sources et ses contacts pour y trouver des réponses ou de l’aide. Et enfin, difficile d’assouvir mon besoin de témoigner quand le sien – tout aussi légitime – me semble être de retrouver son anonymat.

Et mon entourage ? Et bien au début, il m’a semblé délicat d’en parler à la majorité des gens que je côtoie. Avec le temps, c’est un peu plus facile. Mais en parler, c’est risquer de voir ma probité et celle de Christophe mise en doute. Le délit « d’association de malfaiteurs » qui agite les enquêteurs sur les affaires de Bure, agite aussi les langues et les esprits. Être mêlée à cette idée m’a toujours fait craindre la mise au pilori, l’exclusion sociale, et à fortiori depuis que je vis de façon moins conventionnelle et que je défends davantage des prises de position fermes sur certains sujets de société.

Jusqu’au début du confinement, faire silence me semblait aussi être une façon de respecter celles et ceux qui ont souffert plus durement que moi, de ne pas couvrir leur témoignage de mes larmoiements. De laisser la parole à celles et ceux qui ont été blessés dans l’exercice de la contestation, que je juge aujourd’hui indispensable. Je pensais à Robin Pagès notamment 15, gravement blessé quelques jours avant la vague de perquisitions. Mon cas est très annexe, mes dommages très collatéraux.

Mon silence me paraît maintenant assez peu justifiable. La violence des forces de l’ordre, qu’elle soit physique ou psychologique a été particulièrement mise en lumière et sans doute exacerbée pendant le confinement. Et il me semble que chaque témoignage peut apporter des éléments éclairants sur l’exercice de cette violence, sur ses nuances et sur ses enjeux.

Sur un plan plus personnel, subir cette perquisition m’a appris plusieurs choses.

– J’en retire l’idée que mon environnement matériel est impermanent et poreux aux intrusions. J’essaie de cultiver mon intimité intérieure, celle de mes pensées, de mes convictions, de mes idées et de mes rêves.

– J’en retire le refus de la sécurité, si elle s’exerce au détriment de ma liberté. Ainsi, j’ai découvert que ma sérénité ne réside pas dans l’assurance – illusoire ou pas – que je serai protégée par un tiers, mais bien dans la jouissance de mes droits et libertés.

– J’en retire la nécessité d’en finir avec la dévotion rendue aux uniformes et de trouver l’humain qui se cache derrière l’insigne, de questionner ses choix et ses allégeances.

– J’en retire aussi une perte de confiance intégrale à l’endroit de celles et ceux qui nous gouvernent et des mécanismes qui permettent leur élection.

– J’en retire la confirmation de mon exécration pour les armes blanches et à feu.

– J’en garde une colère que j’espère pacifier un jour. Une colère qui me permette de rester en alerte tout en savourant les parts de liberté que je conquiers.

– J’en retire enfin une profonde certitude : la liberté d’expression ne doit souffrir aucune exception 16. La contestation doit être possible et considérée comme nécessaire.

Maud Morel,

Le samedi 23 mai 2020

Diffusé avec le consentement de Christophe.

 

1 L’expression n’est pas de moi : https://noussommestousdesmalfaiteurs.noblogs.org/author/noussommestousdesmalfaiteurs/

2 https://www.les-trois-maisons.com/

3 https://lutteslocales.gogocarto.fr/annuaire#/carte/@46.33,2.50,5z?cat=all

4 https://www.sortirdunucleaire.org/Vague-de-perquisitions-hors-norme-contre-les

5 Concept défendu par Baptiste Monsaingeon, dans Homo Detritus. https://www.seuil.com/ouvrage/homo-detritus-baptiste-monsaingeon/9782021352603

6 https://www.seuil.com/ouvrage/comment-tout-peut-s-effondrer-pablo-servigne/9782021223316

7 https://wikipedia.org/wiki/Solastalgie

8 Personnage créé par Boris Vian dans l’Ecume des jours. Chloé souffre d’un nénuphar qui pousse dans son poumon. En plus de l’étouffer, ce nénuphar conduit son environnement immédiat à s’amenuiser et s’appauvrir. Son appartement rapetisse, les fenêtres s’obstruent, ses amis fuient… Seul Colin, son amoureux, se battra jusqu’au bout pour la soigner. https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27%C3%89cume_des_jours

9 Finalement, dans la journée, je recevrai un message vocal m’indiquant que ce n’est plus la peine.

10 J’ai retenu la leçon et fais désormais des sauvegardes régulières sur des supports de confiance.

11 Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs, maître d’œuvre du projet Cigéo à Bure. https://www.andra.fr/cigeo

12 https://meusehautemarne.andra.fr/landra-en-meusehaute-marne/installations/lobservatoire-perenne-de-lenvironnement

13 https://reporterre.net/1-3-La-justice-a-massivement-surveille-les-militants-antinucleaires-de-Bure

14 https://technopolice.fr/actualites/

15 https://reporterre.net/Grievement-blesse-au-pied-par-les-gendarmes-a-Bure-Robin-temoigne

16 Contrairement à ce que prévoit, entre autres la toute récente loi Avia. https://fr.wikipedia.org/wiki/Proposition_de_loi_contre_les_contenus_haineux_sur_Internet#Critiques