Des années qu’on se tue à leur dire qu’il n’y a rien dans ce dossier, rien que de l’obsession policière, de la surveillance acharnée, de la répression politique bornée, du gâchis d’argent public… Des années qu’on leur dit qu’à la fin il ne restera rien de toute cette montagne de papiers et de l’avalanche de charges qui pesaient au premier jour contre la dizaine de mis en examens. Eh bien ça y est, nous y voilà : il ne reste rien ! Zéro charge retenue, zéro coupable : relaxe générale pour les 3 derniers prévenus de cette « lamentable épopée judiciaire », pour reprendre les mots de l’un de nos avocats devant la cour d’appel de Nancy.
CE JUGEMENT EST UNE VICTOIRE COLLECTIVE
Ce jour, en début d’après-midi, nous avons en effet pris connaissance de notre jugement suite à ce second passage devant la Cour d’Appel de Nancy, le 24 avril dernier (après que la Cour de Cassation a annulé le premier jugement en appel) dans le cadre de l’affaire qui nous préoccupe depuis bien trop longtemps. Une fois n’est pas coutume, ce jugement est très clair : c’est une relaxe générale, pour l’ensemble des prévenus, sur l’ensemble des accusations qui pesaient encore sur elle et eux.
Cette relaxe tant attendue, c’est d’abord une victoire de la lutte, celle que nous avons mené ensemble et que nous continuerons de mener contre le projet d’enfouissement des déchets radioactifs, contre le nucléaire et son monde. C’est aussi une victoire de la défense collective, magnifiquement portée, avec détermination et souvent avec panache, par nos avocat·es et nos soutiens : UN ÉNORME MERCI À TOUTES ET TOUS !
8 ANNEES D’UNE PROCEDURE POLITIQUE
Cette relaxe, c’est enfin la défaite de tout un système étatique qui piétine la démocratie et instrumentalise la justice pour passer en force en frappant durement une contestation. Une débauche policière et judiciaire qui a pesé sur des dizaines d’entre nous, nos proches, nos familles, nos ami·es, pendant 8 ans et a tenté de paralyser la contestation.
Déjà 8 ans que l’État a attaqué la lutte de Bure à coup de millions d’euros de gendarmes et de moyens d’enquêtes disproportionnés, d’intimidations, de harcèlement et de violences à l’encontre des opposants. La justice, quant à elle, a continué jusqu’à aujourd’hui et avec une obstination consternante de chercher la petite bête pour justifier cette débauche d’argent public.
Dans une étonnante coïncidence, c’est hier, 4 juin 2025, que la Cour des Comptes a rendu un rapport sur le sujet : « Cette sécurisation représente une charge financière importante pour l’Andra, de l’ordre de 10 M€ / an depuis
2018, liés à la présence permanente sur place des gendarmes et à la location de bungalows ; auxquels pourrait s’ajouter un investissement supplémentaire de 11 M€ sur la période (2023 – 2028) pour améliorer les locaux d’accueil des gendarmes«
Et encore, doit-on ajouter que ceci ne prend pas en compte le million d’euros que l’instruction de notre affaire a coûté (https://reporterre.net/L-Etat-a-depense-un-million-d-euros-contre-les-antinucleaires-de-Bure)
Pour autant, nous sommes resté⋅es debout, ensemble, et nous avons fait face.
Maintenant – et si tant est que le Parquet ne se couvre pas de ridicule en se pourvoyant en Cassation dans les dix jours qui viennent – nous allons pouvoir continuer pleinement notre combat. Durant des années, nous avons vécu constamment avec, au dessus de nos têtes, l’épée de Damoclès de la justice et de ses peines abusives.
Aujourd’hui libéré·es de ce poids indu que l’on a fait peser sur nos épaules, nous allons persister à faire ce qui nous a toujours animé sur ce territoire du sud meusien : nous allons lutter, de toutes nos forces, avec notre joie et notre créativité – avec notre colère aussi – contre ce monde de ruines et de contamination que prépare l’industrie nucléaire. Nous allons organiser des manifestations, rassembler des gens, retrouver des ami·es et en rencontrer d’autres, nous allons défendre les lieux que nous aimons et empêcher leur destruction. Nous allons avancer collectivement. Et puisque c’est précisément cela qui nous a été reproché durant tant d’années, nous pourrions tout aussi bien l’exprimer ainsi : aujourd’hui, nous allons récidiver.
Rendez-vous est d’ores et déjà pris dès le 20 septembre pour réunir la lutte d’hier, d’aujourd’hui et de demain à Bure dans une large manifestation d’opposition au projet Cigéo ! (https://manifbure.fr)
Contact : noussommestousdesmalfaiteurs@riseup.net