Le procès des malfaiteur-euses de Bure, le retour !

Il y a 8 ans, le 26 avril 2017, le tribunal de Bar-le-Duc prononçait l’expulsabilité du Bois Lejuc et nous appelions à venir massivement en soutien à son occupation, notamment lors d’une grande manifestation projetée le 15 août 2017 à Bure.

Ce 15 août devait devenir pour nous un moment de la lutte à marquer d’une pierre noire, avec plus de 600 gendarmes prenant le petit village de Bure et 700 d’entre nous en étau dans un déploiement militaire à perte de vue sur l’horizon, pour protéger coûte que coûte le laboratoire de l’Andra.

Avant même le début de la manifestation, le ton était donné, une des issues du village était ostensiblement bloquée par les gendarmes mobiles sur l’itinéraire annoncé de manifestation. Les somations étaient faites dès 14h21 alors que la manifestation commençait tout juste à s’élancer du centre du village.

Au final, le cortège s’extrayait par l’arrière de Bure pour rejoindre le village de Saudron, sa destination initiale, après un détour de plusieurs kilomètres à travers champs, avant de se heurter à nouveau au dispositif policier dans une confrontation très violente sur les hauteurs de Saudron. Au bilan de la morose journée deux hospitalisations, une trentaine de blessé.es et un pied mutilé.

Un mois plus tard la Maison de résistance, deux domiciles privés, le terrain des opposant.es de l’ancienne Gare de Luméville-en-Ornois étaient perquisitionnés par des dizaines de gendarmes. C’était le premier coup de semonce d’une procédure qui durerait 3 années, conduirait à une longue série de convocations, perquisitions, et la mise en examen de 10 personnes assorties de contrôles judiciaires. Le vent de la lutte avait tourné : Bure ne serait pas la prochaine ZAD, Cazeneuve l’avait annoncé au 20h quelques mois plus tôt ! De quoi faire pousser des ailes à un procureur zélé qui en ferait une affaire personnelle et à un juge en début de carrière doté de moyens illimités d’instruction.

Entre quadrillage policier, harcèlement judiciaire des opposant.es et débauche de moyens de surveillance, la lutte contre Cigéo vivait ses plus sombres heures, devenues tristement cas d’école de la criminalisation et répression des militant.es. Depuis, la lutte du Carnet, celle de l’A69, les Bassines ont fait les frais des méthodes policières et judiciaires éprouvées à Sivens puis Bure et Notre-Dame-des-Landes.

8 années plus tard, si les blessures sont restées gravées dans les chairs et les mémoires, le Bois Lejuc préservé foisonne de vie sauvage, l’opposition s’est reconstruite patiemment, a connu de nouvelles mobilisations, des moments d’euphorie, de complicité, d’imaginaire partagé. Une multitude de lieux, de collectifs, de constructions communes ont pris naissance dans les villes et villages meusiens, portés par les dizaines d’opposant.es qui ont décidé de faire un bout de chemin de vie dans le territoire au fil des années et n’en sont pas reparti.es.

La lutte est toujours belle, la lutte est à nouveau forte, habitée et vécue au quotidien par nombre d’entre nous ! Et nous avons la conviction que demain, si les travaux de Cigéo reprennent, que le Bois est à nouveau menacé, que l’horizon se recolore en bleu gendarme, nous ne ferons pas les choses autrement qu’il y a 8 ans : nous appellerons à une vaste mobilisation pour résister aux expropriations, aux travaux, à l’installation du projet Cigéo en Meuse, en Haute-Marne et partout ailleurs !

Les 1-2-3 juin 2021 au Tribunal de Grande Instance de Bar-le-Duc, nous avions obtenu la relaxe sur l’accusation d’Association de Malfaiteurs et de l’un-e d’entre nous 7. Le 28-29-30 novembre à la Cour d’Appel de Nancy, une nouvelle relaxe de 3 d’entre nous. Confirmée ensuite en 2024 par la Cour de Cassation qui cassait au passage le jugement en appel de Nancy pour les 3 condamnations restantes.

Le 24 avril 2025, nous comparaîtrons donc à nouveau à trois devant la Cour d’Appel de Nancy pour les chefs d’accusation « d’organisation de manifestation non autorisée » et « d’attroupement après les somations ». Un bien maigre reliquat pour 8 années de procédure judiciaire et 24 000 pages de dossier !

La Cour d’Appel devra en outre examiner le moyen soulevé par la Cour de Cassation et déterminer si les moyens employés ne constituaient pas une atteinte disproportionnée à l’usage de notre liberté d’expression.

Le 24 avril nous mettrons un terme à cette sinistre comédie qui n’a que trop duré, nous arracherons les 3 relaxes qui restent pour achever de dégonfler une bien pathétique procédure-bâillon et nous poursuivrons, fièr.es et déterminé.es, notre engagement on l’a pas laissé : à Bure, contre Cigéo, aussi longtemps qu’il faudra pour en venir à bout et faire vivre un autre avenir possible dans un territoire dénucléarisé !