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« Nous vivons une époque épique »
Six semaines de manifestations des Gilets Jaunes ont suffi à brosser le tableau de notre époque et à croquer joliment la guerre qu’un Etat néolibéral aux abois mène contre sa propre population. Des blindés à Paris et Marseille, des milliers d’arrestations, de lourdes peines distribuées en comparution immédiate, des lycéens à genoux, mains derrière la tête, des photos de plaies sanglantes et des vidéos de tabassages en règles qui ne se laissent pas regarder sans une boule au ventre,
… Tout cela forme un paysage cohérent, et c’est dans ce paysage que nous devons comprendre ce qui se passe à Bure, avec la mise en examen de nos sept camarades.Le spectacle de cette répression massive ne saurait reléguer au second plan l’instruction menée en Meuse au motif pour ‘association de malfaiteurs’. Au contraire, il l’éclaire d’un jour nouveau, et se laisse éclairer par elle. Car ce qui se passe à Bure c’est ce qui pourrait attendre toutes les luttes : là où les procès et les peines dispersées (ici un « outrage », là des « violences », ailleurs une « dégradation » ou la simple « participation à un groupement… ») ne suffisent plus à tenir la révolte en respect, le pouvoir peut encore tenter de tout fusionner en une seule méta-affaire qui lui confère des moyens illimités pour surveiller, humilier, désorganiser et, à terme, punir. L’association de malfaiteurs
Pour les Gilets Jaunes eux-mêmes, elle n’est peut-être pas loin.
Lors de l’ « acte III », c’est contre six militants d’extrême-droite que l’ « association de malfaiteurs » a fait son retour. Nous nous garderons bien de leur adresser une tribune de soutien! Néanmoins, le fait que les événements d’une manifestation puissent être jugés avec les outils du crime organisé dit bien le tournant qui est en train de s’opérer : Bure en est à la fois le symptôme et le laboratoire.
Alors que faire ? Dans un premier temps : ne pas laisser le silence s’installer. Publier et republier les vidéos des violences policières, assister aux comparutions des gilets jaunes, faire éclater les scandales, rejoindre des groupes de lutte, organiser des actions de soutien…
Pour notre part nous nous attelons à faire parler de l’enquête d’instruction en cours à Bure. C’est un combat à part entière que nous devons mener pour la tenir en échec. Cette lettre d’info est un outil. N’hésitez pas à la faire suivre dans vos réseaux et à faire inscrire vos ami.es qui le souhaiteraient (écrire un mail vide à noussommestousdesmalfaiteurs-subscribe (at) lists.riseup (point) net)
Actus du mois
– 27 novembre 2018 : A la veille du délibéré de la cour de cassation, plus d’une centaine de personnalités publiques (artistes, chercheur-euses, député.es, journalistes, syndicalistes, avocat.es, philosophes etc.) appellent à la levée des contrôles judiciaires portant sur 10 militant.es (dont les sept mis.es en examen). Ce texte peut toujours être signé sous forme de pétition : faites-le circuler !
– 28 novembre 2018 : malgré la mobilisation, la cour de cassation confirme les contrôles judiciaires. Le cynisme du délibéré est sans borne : les CJ sont une mesure purement judiciaire qui ne constitue pas un obstacle à la vie associative et militante des personnes concernées, et n’ont donc pas à être levés. Vraiment? 10 personnes interdites de se rencontrer, y compris des administratrices du Réseau Sortir du Nucléaire, cela ne constitue pas une atteinte à la liberté de réunion et d’association?
– 28 novembre 2018 : le même jour, la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) annonce l’ouverture d’une commission d’enquête, présidée par Michel Tubiana, portant sur les méthodes employées par la police et la justice à Bure.
– 3 et 4 décembre 2018 : lundi matin, deux habitants de Mandres-en-Barrois sont perquisitionnés dans le cadre de l’instruction, puis convoqués à la gendarmerie l’après-midi même. Mardi matin, c’est au tour d’Irène, une militante associative historique d’être perquisitionnée à son domicile, puis auditionnée. L’ « association de malfaiteurs » continue son office de baguette magique pour tranformer la réalité complexe et mouvante d’une lutte en une seule et même bande de criminel.les… Elle n’épargne ni les agriculteurs du coin, ni les associations : tout le monde est baptisé avec la même eau…
– 5 décembre 2018 : plusieurs membres de la collégiale de Bure Zone Libre (l’association propriétaire de la Maison de Résistance) sont convoqués comme témoin à la gendarmerie.
– 11 décembre 2018 : à Paris, le séminaire Penser et Lutter avec Bure continue de faire salle comble, avec une séance sur l’héritage (ou le non-héritage?) des mouvements écoféministes dans les luttes antinucléaires en France. Prochaine séance le 8 janvier : « l’enfouissement des déchets, retour sur une politique de temps long ».
– 14 et 15 décembre 2018 : de nouveaux bals des malfaiteurs ont eu lieu à l’initiative de comités de soutien.
– 21 décembre 2018 : Une dizaine de personnes qui avaient été perquisitionnées en juin dernier sont convoquées devant le juge d’instruction pour des ouvertures de scellés.
Autres infos
– APPEL A ACTION : Pour clôre en beauté cette année de résistance, nous vous invitons à envoyer vos cartes de voeux au tribunal de Bar le Duc, et ce tout au long du mois de janvier !
– ANALYSES : Nous republions deux textes d’analyse sur l’ « association de malfaiteurs », originellement parus sur manif-est : « malfaiteurs ? Alors j’en suis ! » et « Bure ou la médiocratie du bâton ». Nous avons également pris l’initiative de réunir ces deux analyses au format brochure, disponible dans la rubrique « pièces à conviction » du blog : à diffuser sans modération !
– TEMOIGNAGES : La chaîne youtube Parole de Malfaiteurs attend toujours vos visionnages. ERRATUM : on nous signale que les videos ont été publiées sur YT avec une erreur dans l’adresse à laquelle envoyer les mots de soutien. Il s’agit de soutienmalfaiteuses (at) riseup.net (et non pas soutienauxmalfaiteuses). Si vous aviez écrit un mot, renvoyez-le à la bonne adresse, et il sera transmis aux mis.es en examen.
– SOUTIEN FINANCIER : Vos dons à l’antirep de Bure sont toujours les bienvenus.