Rendez-moi mon casque.

 

Fin 2016 (ou bien était-ce déjà 2017), on sortait fièrement nos premiers « hibou express », une dangereuse publication clandestine destinée aux partages d’infos, d’annonces (et rapidement de prises de bec) entre les différents lieux habités à Bure et alentours. Tout content d’inaugurer la rubrique petites annonces, je demande si quelqu’un n’a pas vu mon casque blanc, en vain… Plusieurs semaines de suite, je récidive. Je multi-récidive. Toujours pas de casque blanc. Ne riez pas : des journées dans le bureau de BZL [la Maison de Résistance à Bure], au milieu de la fourmilière, sans pouvoir écouter de musique, c’est rude !

Bond dans le temps, juin 2018 : je suis en garde à vue à Dun-sur-Meuse dans le cadre d’une enquête pour association de malfaiteurs ; mon domicile vient d’être perquisitionné. L’officier de police judiciaire m’interroge : « est-ce que c’est vous qui avez perdu un casque blanc à  la Maison de Résistance? On a justement une photo de quelqu’un  avec un casque blanc dans une manifestation! ». Vous voyez le truc  venir ? Vous la sentez la mauvaise série policière ?

Que se passe-t-il donc dans leur tête de petits fonctionnaires zélés pour confondre un casque audio et, j’imagine, un casque de moto ou quelque chose du genre ? Pour imaginer qu’un casque perdu dans un bureau ressorte un an plus tard dans une manif ? Pour supposer ne serait-ce qu’une seule seconde que ce délire va servir de preuve accablante pour confondre de vilains black-bloc ?

Pourtant, c’est avec ce genre de conneries qu’on nous a gâché la vie. Je n’ai pas vu mes amis pendant deux ans et demi, contrôle judiciaire oblige.

Et je n’ai toujours pas retrouvé mon casque. Alors si jamais il a fini dans un scellé de perquisition, je veux bien le récupérer. Ça et deux ou trois autres affaires…