De temps en temps quand on se balade…

Nous étions en voiture entre Mandres et Luméville, une voiture de gendarmes nous fait nous arrêter sur le côté de la route. Le gendarme qui vient à la fenêtre du conducteur demande à avoir les papiers de tout le monde et à fouiller la voiture. La conductrice donne les siens, les papiers de la voiture, et demande à voir la réquisition qui leur permet d’avoir l’accès à la voiture et aux papiers des passagers. Le gendarme prend les papiers donnés et dit qu’il va chercher la  réquisition, en fait il est parti demander du renfort. 15 minutes après, 2 autres véhicules arrivent, ce qui fait une dizaine de gendarmes pour 4 personnes ne montrant pas d’agressivité.

Les gendarmes se regroupent 2 minutes, et puis viennent tous d’un coup sur la voiture. Ils ouvrent les portières et tirent les personnes de force hors de la voiture, ils plaquent une personne au sol, en prennent une autre par la gorge, moi j’ai reçu un coup sur le tibia et j’ai été projetée contre la carrosserie, mains bloquées dans le dos. Seule la conductrice n’a pas été sortie de force.

Ils nous emmènent dans des véhicules séparés, nous disant qu’on est en garde-à-vue, sans nous dire pourquoi, sans présence d’officier de police judiciaire, et en nous insultant. Avant qu’on démarre j’entends une des autres personnes demander à ce qu’ils arrêtent de le frapper.

Un gendarme a rendu les papiers de la voiture à la conductrice avant de la laisser là, seule avec la voiture.

Arrivée au commissariat à Void, je suis mise en sous-vêtements et fouillée. Puis un officier de police judiciaire prend le relais pour me dire que je suis en vérification d’identité.

Je lui dit ce qui vient de se passer, il me répond que je peux rien dire parce que je suis pas en garde-à-vue. Comme les autres, je fus libérée quelques heures après, avec des bleus un peu partout.

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Durant l’année 2019, j’ai été de 1 à 3 fois par mois en vérification d’identité, à divers commissariats de la région. Les gendarmes mobiles ne demandaient même pas si on avait des papiers avant de nous embarquer. Du coup, au bout d’un moment, les gendarmes régionaux finissaient par « réprimender » les gendarmes mobiles, et pas mal d’officiers de police judiciaire m’appelaient par mon nom quand les gendarmes mobiles me livraient.

Parfois on se faisaient contrôler juste devant la porte de notre logement, parfois les gendarmes mobiles tentaient d’entrer dans le jardin pour nous contrôler ou rentraient dans le bâtiment.

Lors d’un contrôle en voiture, les gendarmes mobiles sont arrivés face à nous, et se sont déportés sur notre voie pour nous arrêter, et sont sortis de la voiture, arme à feu à la main, en nous braquant.

Le tout sans gyrophare, ni signaux lumineux.

Les gendarmes mobiles passent au ralenti environ 10 fois par jours devant chez moi, ils regardent par la fenêtre de mon logement et parfois la nuit ils éclairent les fenêtres.

Une fois j’ai été poursuivie par la jeep des gendarmes mobiles, à travers les champs, je courrais et la jeep cassait les barbelés entre les champs. A bout de souffle, je me suis arrêtée et les gendarmes mobiles ont fait un dérapage dans le champ juste devant moi, sont sortis avec leurs armes à feu pointées sur moi, en m’ordonnant de mettre mes mains sur ma tête, puis m’ont fait une clef de bras pour me ramener sur le chemin et m’ont fait patienter 30 minutes sous le soleil, le temps qu’un officier de police arrive pour confirmer mon identité.

Pendant ce temps, ils ont vu une autre personne prendre le chemin de l’autre côté du champ et entrer dans le bois de Luméville ; ils ont donc envoyé 11 voitures pour traquer cette personne afin de la contrôler.

De temps en temps quand on se balade, les gendarmes viennent à côté de nous et roulent à la même vitesse que nous, nous posent des questions et si on répond pas à leurs questions ou que les réponses ne leur conviennent pas, on se fait emmener en contrôle d’identité.

Une personne s’est faite contrôler juste devant la maison, elle était assise au soleil sur le muret, et recousait un vêtement ; lors du contrôle, les gendarmes ont pris son nécessaire de couture et ne lui ont jamais rendu (une plainte a été déposée).

Une habitante de Mandres.