Je n’ai jamais été très pudique, heureusement. En fait, je crois que le keuf chargé de me foutre à poil était plus gêné que moi, c’était presque mignon! Il faut dire ussi que, pendant les 48h qu’on a passé ensemble, il n’en menait pas large : sa boss critiquait tout ce qu’il faisait, tout le temps. On en a même parlé à la pose déj, tiens… « C’est toujours comme ça quand on travaille avec des femmes » qu’il m’a dit. Bien joué, mon vieux, t’as vu qu’il y avait un problème avec ton taf, mais t’as uste pas encore compris lequel, dirait-on. Ça m’apprendra à parler avec un keuf.
Bref… Voilà le pauvre homme avec mon caleçon à la main. Et le dit caleçon finit sous scellé pour recherche d’ADN. Le lendemain, on saisit la cuillère en plastique avec laquelle j’avais le privilège de déguster un infect taboulet du supermarché : on cherche donc toujours les précieux brins de la double hélice censée parler à ma place. « C’est qu’il y avait deux ADN sur votre caleçon » me dit l’OPJ goguenarde. Très élégant merci!
Bref, toujours pas d’acide désoxyribonucléique sur ma cuillère : il faut croire que j’avais résisté à l’envie de me gratter les gencives avec.
Donc un mois plus tard, nouvelle perquisition chez moi, et rebelote : mise à nue, saisie des vêtements.
Ce coup là il y avait une belle chemise en lin trouvée dans le freeshop de BZL [la Maison de Résistance à Bure], et un « pantalon de pêcheur » en coton qu’une ncienne amoureuse m’avait ramené de Thaïlande – j’y tenais beaucoup.
Le plus terrible dans cette histoire, c’est que c’est à partir du jour où ils ont nfin eu mon ADN qu’ils m’ont foutu la paix : j’imagine que ce précieux bout de mon identité biologique, que j’ai tout fait pour ne pas leur laisser, a paradoxalement servi à me disculper… Sacrée ironie non?
Le temps aidant, j’ai pu mettre tout ça derrière moi… mais j’attends toujours u’on me rende mon slip.